L’incontinence fécale, ou fuite involontaire de selles, est un dysfonctionnement ano-rectal qui peut toucher les hommes et les femmes de toutes orientations sexuelles. Bien qu’il s’agisse d’une pathologie susceptible d’affecter négativement la qualité de vie d’une personne, on pense qu’elle est sous-estimée en raison de l’embarras du patient et d’un tabou historique.
De nombreuses études se sont concentrées sur les maladies infectieuses pouvant être contractées lors de rapports sexuels anaux réceptifs (RAI), mais peu d’études se sont concentrées sur l’évaluation du RAI et de l’incontinence fécale. Ainsi, les auteurs d’une nouvelle étude publiée dans le Journal of Sexual Medicine visaient à déterminer la prévalence de l’incontinence fécale dans un large échantillon d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) qui se livrent à la RAI. De plus, ils ont cherché à identifier les facteurs de risque associés à l’incontinence fécale dans cette population.
Pour cette étude, les auteurs ont utilisé une enquête anonyme en ligne auto-administrée initialement développée par Santé publique France (le ministère français de la Santé) pour évaluer les stratégies de prévention du VIH parmi les HSH en France, appelée Enquête Rapport Au Sexe (ERAS). Une question liée à l’incontinence fécale a été incluse dans cette enquête : « Y a-t-il eu des fuites involontaires de selles au cours du mois dernier ?
Les participants ont été recrutés pour participer à l’enquête ERAS en utilisant des bannières numériques sur des sites de rencontres gay, des applications et des sites d’actualités. Au total, 24 308 personnes ont participé à l’étude et 21 762 personnes ont été incluses dans cette analyse. (Le but de cette étude étant d’évaluer l’incontinence fécale chez les HARSAH, les participants qui n’avaient jamais eu de relations sexuelles avec un homme ou qui n’avaient pas répondu à la question sur les fuites fécales ont été exclus de cet échantillon).
Sur les 21 762 participants, 1 734 (8 %) ont signalé des fuites de selles au cours du mois dernier. Dans l’ensemble, ces répondants étaient légèrement plus âgés que ceux qui n’avaient pas signalé de fuites fécales au cours du mois précédent (l’âge médian était de 38,5 ans, contre 32 ans). Ce groupe comptait également une proportion plus élevée de chômeurs et de retraités (8,2% contre 5,4% de chômeurs, 11,9% et 6,3% de retraités).
Les hommes qui ont répondu qu’ils pratiquaient le RAI plusieurs fois par semaine présentaient une prévalence d’incontinence fécale de 12,7 %, contre 5,7 % de ceux qui ne pratiquaient pas le RAI. Ceux qui pratiquaient le chemsex (utilisant des substances psychoactives pendant une activité sexuelle) présentaient des taux d’incontinence fécale significativement plus élevés que ceux qui ne le faisaient pas (21,4 % contre 7,2 %), tout comme ceux qui pratiquaient le fisting ou le BDSM intensif (18,1 % contre 7,2 %). 7,2 pour cent).
Sur la base de ces résultats, les auteurs ont identifié la fréquence élevée du RAI, l’âge, le statut socio-économique inférieur, le chemsex et le fisting ou les pratiques lourdes de BDSM comme facteurs associés à l’incontinence fécale chez les HSH. En revanche, ceux qui pratiquaient ce que les auteurs appelaient le « RAI simple » (RAI une fois par semaine sans relations sexuelles ni fisting) n’ont pas montré de risque significativement accru d’incontinence fécale.